D’aucun dirait que le plus grand danger des Landes sont les créatures qui les habitent. Dotés d’une force surhumaine, ne ressentant ni la douleur, ni la fatigue, pouvant résister à bien plus qu’un humain ne le pourrait. Cependant, un aspect est bien vite oublié. Celui que les Landes en elles mêmes sont dangereuses.
En effet, un voyageur audacieux pourrait remarquer que les Landes sont une terre morte. Un désert de terre et de roches, où la seule flore que l’on peut trouver est constituée des arbres les plus robustes ayant réussi à sécher plutôt qu’à pourrir. Pour ainsi dire, il n’existe pas de flore vivante dans les Landes, seulement des vestiges de celle qui y était présente avant la guerre de Namas Cintas, à l’image de sa civilisation. Sa faune est quant à elle réduite aux cadavres ambulants, il est donc hautement improbable que quelque animal y vive, ou du moins, les rapports de soldats duchelois et stepsiens n’y ont jamais fait référence. Nous pouvons donc partir de l’hypothèse assez solide qu’aucune vie n’existe à priori sur le territoire des Landes, ce qui corrobore assez bien l’explication du Flux qui est communément admise. La vie se nourrit du Flux, et là où il n’y a pas de Vie, il n’y a pas de Flux, et réciproquement. Mais pourtant, les soldats qui la patrouillent, les voyageurs imprudents qui s’y promènent, ne sont pas tués instantanément quand ils entrent dans les Landes. Nourrissent-ils alors la terre en y faisant renaître le Flux ? Y a-t-il seulement une délimitation claire aux Landes ? Sont-elles fixes et immuables, où s’étendent-elles ? Fonder une ville, un avant poste permettrait-il alors de repousser les Landes ? Ce sont pour toutes ces raisons que j’ai décidé de m’installer ici à Shater, forteresse en frontière des Landes, car je suis persuadée que l’étude de la vie en cet endroit privé de Flux peut nous apporter des informations capitales pour comprendre cette force omniprésente que l’on ne sait qu’à peine apprivoiser, et pour mieux comprendre ce mystère qui nous hante depuis plusieurs siècles. Peut-être même en trouver un remède ?
Extrait du journal de recherche d’Ermeline
